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Parler d’environnement (sans faire peur) aux enfants



Par Nathalie Vallerand

Difficile de ne pas s’inquiéter quand on entend parler de changements climatiques, de feux de forêts, de sécheresse, de fonte de glaciers ou d’autres dérèglements de la nature. Mais comment parler d’environnement à votre tout-petit sans lui faire peur?

Comme plusieurs parents, Bouchra Taïbi se demande dans quel monde vivra son enfant, Emile Omar, 4 ans. « Quel sera l’impact des changements climatiques sur les populations? Je pense aussi aux enfants de mon fils, s’il en a. Quand ils grandiront, restera-t-il encore des espaces verts, des forêts? » Cependant, elle fait attention à ne pas transmettre ses craintes à son fils. « C’est important pour moi de le sensibiliser à la protection de l’environnement. Mais je veux que ce soit quelque chose de positif pour lui. Il est trop petit pour porter sur ses épaules le poids de sauver la planète. »

Il est en effet préférable d’éviter d’être alarmiste en parlant d’environnement à un enfant. « Aborder ce sujet en insistant sur les dangers risque de l’effrayer et de lui faire vivre de l’anxiété, affirme le psychologue Joe Flanders. De plus, la question des changements climatiques est trop complexe pour la capacité de compréhension d’un jeune enfant. »

L’écoanxiété est un terme qui désigne l’anxiété causée par les problèmes environnementaux. Devant les nouvelles inquiétantes sur l’état de la planète et l’importance qu’y accordent les médias, de plus en plus de gens en souffrent, même des enfants. Un tout-petit qui est écoanxieux peut avoir des problèmes de sommeil, être triste, agité, agressif ou encore se replier sur lui-même. « Cela affecte son bien-être et nuit à sa capacité de bien fonctionner dans ses activités quotidiennes », indique Joe Flanders.

Si vous vivez vous-même de l’écoanxiété, il faut apprendre à vivre avec l’incertitude et garder un certain optimisme, conseille le psychologue. Une façon d’y arriver est de poser des gestes concrets en lien avec l’environnement. Vous serez ainsi en accord avec vos valeurs et vous vous sentirez mieux.

Inquiets les jeunes enfants? Selon les résultats d’un sondage mené par Naître et grandir et Équiterre, 25 % des parents sondés affirment que l’avenir de la planète inquiète leur enfant. De même, 35 % rapportent que leur enfant pose beaucoup de questions sur l’environnement et sur la pollution. Toutefois, la majorité des parents (77 %) indiquent que leur enfant ne ressent pas d’anxiété en raison des changements environnementaux.

Miser sur le positif

Comment sensibiliser votre tout-petit à l’environnement sans l’inquiéter? Catherine Gauthier, directrice générale d’ENvironnement JEUnesse, suggère de le faire de manière positive et concrète. « Plutôt que de lui parler des problèmes environnementaux, il vaut mieux lui montrer de petits gestes quotidiens qui sont bons pour la nature. »

C’est ce que fait Meika Palmer, maman de Léo, 3 ans, et de Félix, 6 mois. « Par exemple, j’ai appris à mon aîné à ouvrir le robinet juste un peu quand il se lave les mains, parce que l’eau est précieuse. Je lui ai aussi appris à utiliser seulement la quantité de papier de toilette dont il a besoin, car c’est fabriqué avec des arbres. »

Évidemment, il est essentiel de montrer l’exemple. « Les enfants apprennent par imitation, rappelle Murielle Vrins, chargée de projets chez Équiterre. Les parents qui font des efforts pour réduire leur impact sur l’environnement habituent leurs enfants à faire la même chose. » Par exemple, à l’épicerie, un parent peut expliquer à son enfant qu’il choisit tel produit parce qu’il a moins d’emballage plastique.

Côtoyer la nature

Pour éduquer un enfant à l’importance de préserver l’environnement, le contact avec la nature est d’ailleurs essentiel. « L’idée, c’est de lui permettre de développer une connexion et un lien affectif avec le monde vivant, explique Barbara Bader, professeure à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval et titulaire de la Chaire de leadership en enseignement des sciences et développement durable. En fréquentant souvent la nature, il apprendra à l’aimer et il aura envie, plus tard, de la protéger. Un jeune enfant a une capacité d’émerveillement et une curiosité naturelle. Les insectes, les arbres, les plantes, les oiseaux, c’est beau, c’est intrigant, c’est vivant. »

C’est possible aussi sans sortir de la ville. « Jouer dehors, marcher, se promener à vélo ou faire un pique-nique au parc sont autant de façons de se rapprocher de la nature, pourvu qu’il y ait des arbres », ajoute Barbara Bader.

Faire un potager ou faire pousser des fines herbes dans des pots est un autre moyen de favoriser l’attachement à la nature. « Nous faisons pousser des haricots, des carottes, des tomates, des concombres, des cerises de terre et même des kiwis, énumère Éric Bazinet, papa de Maëlie, 6 ans, Léamée, 4 ans, et Alexim, 1 an. Ça fait réaliser aux enfants que les fruits et les légumes viennent de la terre, des arbres ou des plantes. Et ils adorent les ramasser! »

Parler ou non des catastrophes aux enfants? Inondations, incendies, tornades… Pour ne pas perturber votre enfant, il faut éviter de l’exposer aux images et aux vidéos de ces catastrophes. « Il est préférable aussi de ne pas lui en parler, à moins qu’il aborde lui-même le sujet ou qu’il ait vu des images, dit le psychologue Joe Flanders. Dans ce cas, lui expliquer simplement ce qui s’est passé sans aller dans les détails. Insister plutôt sur le fait que beaucoup de gens vont travailler ensemble pour aider les personnes touchées. »


Votre famille souhaite en faire plus pour prendre soin de la planète? Voici des idées accessibles et peu coûteuses pour vous inspirer… un pas à la fois.

1. Acheter moins de jouets. Les enfants n’ont pas besoin d’une tonne de jouets. De plus, il vaut mieux acheter moins de jouets en plastique parce qu’ils sont difficiles à recycler. Par exemple, Meika Palmer emprunte des jouets à la joujouthèque. « Ça permet de varier les jouets et de maintenir l’intérêt de mes enfants », souligne-t-elle. Il est aussi possible de trouver des jouets d’occasion en ligne ou dans des magasins d’articles usagés.

2. Composter. « Mettre un cœur de pomme dans le bac à compost, ça va de soi pour mes garçons, dit Mélanie Leblanc-Chénier. Ils savent que les restes de table ne vont pas dans la poubelle. » Le compostage réduit les émissions de gaz à effet de serre (GES) et permet de produire du compost qui enrichit les sols.

3. Avant tout achat, se demander : « Est-ce que notre famille en a vraiment besoin? » « Protéger l’environnement, ça passe aussi par la réduction de la surconsommation », souligne Barbara Bader, professeure et chercheuse en éducation à l’environnement. Acheter des articles de bonne qualité et les entretenir peut aussi être avantageux. Se demander si un objet peut être réparé avant de le jeter et de le remplacer est également un bon réflexe.

4. Boire l’eau du robinet. La production de bouteilles d’eau en plastique est polluante et utilise beaucoup d’énergie fossile. Et même si ces bouteilles sont recyclables, elles finissent souvent dans des sites d’enfouissement ou mieux utiliser des fontaines à eau qui filtrent l’eau car celle-ci n’est pas toujours d’excellentes qualités.

5. Cuisiner davantage. « C’est une belle activité à faire en famille, dit Murielle Vrins, d’Équiterre. Acheter moins de plats préparés permet aussi de réduire les emballages. » Autre suggestion : faire des purées de bébé maison.

6. Faire des dessins et des bricolages avec du matériel recyclé. Rouleaux de papier de toilette et d’essuie-tout, feuilles imprimées d’un seul côté, boîtes de carton, plats en aluminium… « Votre bac à recyclage regorge de trésors pour les projets de bricolage de votre enfant », rappelle Catherine Gauthier, d’ENvironnement JEUnesse.

7. Réduire le gaspillage alimentaire. On estime qu’une famille jette environ 140 kg de nourriture par année. Cela représente plus de 1 100 $. Lorsque vous jetez moins de nourriture, vous posez un geste important pour l’environnement et vous économisez de l’argent.

8. Remplacer les lingettes pour bébé par des débarbouillettes. « Pour les humidifier, vous pouvez garder un vaporisateur rempli d’eau à portée de main », propose Murielle Vrins. Pour nettoyer les petits dégâts de bébé, prendre une guenille. Vous pouvez transformer en chiffons les vêtements de coton tachés ou trop abîmés pour être donnés.

https://naitreetgrandir.com/fr/dossier/sensibiliser-enfants-environnement/


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